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La police pourra alerter les commerçants

Belgique

L’enseigne Colruyt semble dans le collimateur de certains braqueurs. En moins d’un mois, cinq magasins ont reçu la visite de malfrats masqués et armés. Fort heureusement, ces différents hold-up n’ont fait aucun blessé mais ont laissé des séquelles psychologiques aux membres du personnel.

Le premier de cette lignée s’est déroulé à Chapelle-lez-Herlaimont le 18 septembre vers 13 h. Trois individus avaient fait irruption dans le magasin. Armés et arborant des masques de paintball, deux d’entre eux se sont dirigés vers l’une des caisses. À coup de menaces, la caissière a obtempéré et a remis le contenu du tiroir-caisse. Les trois individus ont ensuite pris la fuite à bord d’une voiture foncée.

Onze jours plus tard, c’était au tour du personnel et des clients du Colruyt d’Anderlues de connaître pareille mésaventure. Il était 14 h lorsque plusieurs individus sont arrivés dans le magasin pour se diriger une nouvelle fois vers les caisses avant de disparaître quelques minutes plus tard.

Et le 3 octobre, la région de Charleroi a également été touchée par cette soudaine vague de braquages. Le Colruyt de Gilly a été confronté à quatre malfrats armés. Quelques minutes après leur sortie du magasin, ils ont été interpellés par la police à bord de leur Ford Fiesta. Âgés entre 20 et 25 ans, ils ont été inculpés de vol avec violences et sont soupçonnés de huit hold-up.

Le 16 octobre, retour dans la région du Centre. Le Colruyt de Binche a, à son tour, été visé par ces attaques. Vers 10 h, ils ont obligé le personnel à fermer le magasin le temps de commettre leur méfait.

Une nouvelle fois, l’incident n’a fait aucun blessé et s’est déroulé très rapidement.

Le dernier fait en date s’est encore déroulé à Chapelle-lez-Herlaimont ce lundi soir. Trois individus armés et encagoulés sont entrés dans le magasin. L’un d’eux portait un masque du célèbre film Scream . Ils ont menacé la bouchère présente près des caisses avant de s’emparer du contenu et de prendre la fuite. À noter également que le Carrefour de Saint-Vaast, près de La Louvière, a été braqué ce lundi soir vers 20 h, soit peu de temps après le hold-up du Colruyt de Chapelle-lez-Herlaimont.

Du côté des forces de l’ordre, on s’inquiète également de ce phénomène.  » Nous allons mettre en place un plan d’action « , explique Francis Joncret, commissaire à la zone de police de Mariemont.  » Nous allons déjà augmenter à certains endroits plus problématiques. Nous allons amplifier et cibler davantage. Par rapport à l’année dernière, il y a une baisse de 15 % des vols avec violences dans les commerces mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.  »

La police prend en tout cas le problème au sérieux et l’enquête est menée tambour battant pour éviter que ces vols ne se multiplient.

C’est bête de prendre autant de risques

Pour le porte-parole de Colruyt, l’important est la sécurité du personnel et des clients

  • C’est la première fois qu’autant de braquages sont commis en aussi peu de temps ?

« Sur quatre semaines, il y en a eu cinq dans la même région. Ce qu’on voit, c’est que ces personnes se déplacent. Maintenant, c’est dans le Hainaut mais peut-être qu’après ce sera ailleurs. Ce qui est important pour nous, c’est la sécurité du personnel et des clients. »

  • Quelles mesures ont été prises pour tenter de contrer ce phénomène ?

« Nous voulons d’abord expliquer que la plupart des clients payent électroniquement. Il y a donc très peu d’argent à prendre mais les dégâts psychologiques sont considérables. Et dans toute l’histoire de Colruyt, on n’a jamais su prendre le coffre. Ce n’est pas possible. C’est bête de prendre autant de risques. »

  • Allez-vous renforcer votre sécurité ?

« Nous allons discuter avec la police et la justice avec qui nous avons une très bonne collaboration. Nous allons voir ce qu’il est possible de faire. Nous sommes également ouverts aux dialogues avec les instances officielles. »

  • Craignez-vous de nouvelles attaques dans d’autres magasins ?

« C’est quelque chose dont on tient compte depuis toujours mais nous ne pouvons pas faire plus que ce que nous faisons déjà. Cela arrive de temps en temps, tout le monde le sait. Mais on ne comprend pas pourquoi. Peut-être que les truands ne nous croient pas. »

  • De nouvelles consignes ont-elles été données au personnel ?

« Non, nous sommes là pour les soutenir s’ils ont besoin de nous. On les guide, on les écoute. On ne les abandonne pas. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour essayer de rendre moins grave ce qui s’est passé. »

  • Craignez-vous une forme de psychose chez vos clients ?

« Non, pas nécessairement. Nous ne sommes pas les seuls à en être victimes, même si ce n’est pas gai pour les clients. Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour éviter de nouveaux incidents. Les clients ont confiance en nous mais nous ne pouvons pas faire l’impossible. »

Les supermarchés se protègent

Plus de la moitié des coffres-forts de la chaîne de supermarchés Lidl sont équipés d’un programmateur postposant leur ouverture de dix minutes. Par ailleurs, les coffres ne seront plus accessibles en dehors des heures d’ouverture du magasin (avant 8 h 30 et après 20 h). « Toute personne susceptible de mauvaises intentions se retrouvera face à une porte (de coffre-fort) fermée . Lidl prend continuellement des mesures préventives afin d’assurer la sécurité de ses collaborateurs et de ses clients. L’ouverture automatisée après dix minutes, c’est un signal clair ! Ce dispositif vise à décourager les malfaiteurs » , explique le porte-parole Julien Wathieu.

Chez Delhaize , on assure que « tout est mis en œuvre pour protéger la sécurité de nos collaborateurs et clients. Mais nous préférons garder ces mesures pour nous, afin de ne pas inspirer certains esprits malintentionnés ».

La police pourra alerter les commerçants

Un nouveau système d’alerte voit le jour pour des centaines de commerçants

Un plus pour le petit commerce en matière de sécurité : une nouvelle application donne aux services de police, dans les zones ayant adopté le système Télépolice Vision, la possibilité d’alerter instantanément les commerçants d’un secteur, d’un quartier, d’une commune, d’une menace pesant sur leur activité.

L’application intéressera des centaines de commerçants : pharmaciens, bijoutiers, libraires, pompistes, épiciers, boulangers et autres, installés dans quatre (et bientôt cinq) des six zones bruxelloises (seules Ixelles et Bruxelles étant exclues des 19) et une quinzaine de zones partenaires en Wallonie, Hainaut et Brabant wallon principalement.

Avec cette application, appelée IPN pour Info police networks , le commerçant connecté au système reçoit, envoyé depuis le commissariat, un message l’alertant d’un risque de criminalité. Le message lui arrive comme il le souhaite : sur son smartphone, son ordinateur portable, son ordi professionnel ou sa caisse enregistreuse. L’alerte ne passe pas par les réseaux sociaux.

C’est donc entièrement confidentiel et le service de police qui gère, cible les commerçants qu’il souhaite informer. Le pharmacien de Schaerbeek est informé que sept pharmacies ont été attaquées en trois jours à Etterbeek et toujours vers les mêmes heures.

Les commerces du quartier Helmet sauront en fin d’après- midi qu’un commerçant a reçu de faux billets de 50 €. Avec possibilité de réagir et répondre : « J’en ai aussi reçu. Ils étaient chez moi il y a trois minutes. Ils sont chaussée de Haecht. »

Pour la police, c’est un nouvel outil de communication, discret, rapide et qui peut servir aussi à des alertes autres que le banditisme, évacuation, inondations, etc.

Selon l’urgence , IPN a prévu trois niveaux d’alerte : le dispatching peut envoyer des messages « Pour info », « Attention » et « Urgent « . Sur les alertes de type urgent, les utilisateurs du logiciel Help Police Contact pourront même obtenir automatiquement le verrouillage de la porte du commerce ou de tout autre lieu sensible, tel un coffre.

Le système est au point. Il fonctionnera au fur et à mesure que les services de police donneront leur feu vert. Et c’est entièrement gratuit.